BIP. BIP. BIP.

Le bruit strident de l’alarme tira Rose du profond sommeil dans lequel elle était plongée. Elle grommela, comme à son habitude, avant d’enfuir la tête sous son oreiller. Avec un peu de chance, elle pourrait gagner quelques précieuses minutes avant d’avoir à se lever.  C’était sans compter sur l’éclairage automatique, programmé pour s’enclencher dans la foulée... Profondément agacée, la jeune fille s’extirpa des couvertures et se dirigea d’un pas lourd vers l’ordinateur mural qui contrôlait la pièce. 8h04. Il était grand temps de se préparer.

Une fois ses cheveux brossés et son uniforme enfilé, elle entreprit de replier les vêtements qui traînaient négligemment sur le sol. La pile vint rejoindre les affaires empilées dans un coin de la chambre. A leur vue, un sourire se dessina sur le visage de Rose... Sans un regard en arrière, elle quitta la pièce et laissa la porte automatique se refermer derrière elle pour la dernière fois.

Elle ne reviendrait plus ici. C’était à la fois étrange et excitant de se dire que dans quelques heures, sa vie changerait pour de bon. Que tout ce qu’elle avait connu jusque là ne serait plus qu’un souvenir qui s’estomperait peu à peu. Nouvelle chambre, nouveaux compagnons, nouvelle vie... Peut-être même une nouvelle Académie, si le sort ne lui était pas favorable. Mais ça, elle ne préférait pas y penser. Tout se passerait comme prévu, elle en était convaincue.

Aujourd’hui était un grand jour pour tous les étudiants de l’Académie Xhela Grande. Après plusieurs semaines d’examens à la fois pratiques et théoriques, l’heure des résultats était arrivée. Au cours de la journée, et selon sa réussite aux épreuves, chaque élève se verrait attribuer son affectation future.

 Xhela Grande avait été créée il y a plus de deux cents ans. C’était l’une des premières Académies à avoir vu le jour. Lorsque la menace des Alfari était devenue réelle, les humains avaient choisi de se regrouper dans ce qui était à la base des villes-forteresses. Puis, les bâtiments avaient évolué, on y avait peu à peu formé les citoyens, afin de leur enseigner les bases du combat et de la préservation. Les plus jeunes avaient été éduqués pour faire face au danger, ils avaient tous reçu un enseignement spécifique. A l’âge de dix-huit ans, deux choix s’offraient à eux : ils pouvaient vivre leur vie comme n’importe quel citoyen lambda, en pratiquant un métier pacifiste à l’intérieur de l’Académie où ils avaient étudié, ou  ils pouvaient  choisir une spécialisation, qui leur permettrait, trois ans plus tard, de faire partie de l’élite. Une élite faite pour combattre, protéger et diriger. Une élite que Rose Redmont comptait bien intégrer dans les prochaines heures.